[tʁɔ̃pəɔʁɛj] (gr. n. EXP.)
Trompe-oreilles n’est ni un nom simplet destiné aux enfants pour désigner l’éléphant, ni un surnom imagé pour Rocco Siffredi qui pourtant possède de belles oreilles. Trompe-oreilles est une expression surannée car, je vous l’ai rabâché, le mot suranné bien souvent décrit plein de bon sens ce qu’il veut signifier. Et puis si trompe-oreilles n’était pas suranné vous l’auriez entendu plus d’une fois depuis votre deuxième année d’école maternelle, or… Eh oui, nenni, vous ne l’ouïtes plus.Trompe-oreilles se contente modestement de tromper nos oreilles. « Alors c’est tout ? » me direz-vous, car vous me dites souvent des trucs comme ça pour marquer votre impatience ou votre insatisfaction chronique. Eh bien non, ce n’est pas tout.
Trompe-oreilles c’est un jeu de langue qui s’emmêle les pinceaux, de mots faits pour se prendre les pieds dans le tapis, de phrases si dures pour l’oreille même la plus tendue qu’on en vient à douter de leur sens. Le trompe-oreilles est l’art de mélanger les sons pourtant porteurs de sens au rythme renouvelé de syllabes effrénées. Des liaisons dangereuses, des silences trompeurs, un accent très marqué, exotique, un rythme pas commun, et voici l’oral qui prend le pas sur l’écrit lui faisant rendre gorge. Eh oui l’ami, le trompe-oreilles t’a trompé, comme il se doit.
Tu doutes encoure un peu alors répète après-moi :
Pie niche haut
Oie niche bas
Où niche hibou ?
Hibou niche ni haut ni bas
Hibou niche pas.
Tu as réussi ? C’est bien, maintenant joue avec :
Chat vit rôt
Rôt tenta chat
Chat mit patte à rôt
Rôt brûla patte à chat
Chat quitta rôt.
Facile ? Alors je te propose :
Un papillon volage près d’une pie passa,
mais la pie fut fort sage et n’happa pas l’appât.
Quel bel appât que la pie n’happa pas !
Et pour finir en épanadiplose narrative (oui j’aime bien ça) voici donc :
L’éléphant perd
espère et persévère.
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