[truspè] (n.m. P’TIT C.)
Oh bien entendu que vous l’avez ouï ce mot d’hier ! Ne me dites pas le contraire, je sais bien que vous n’étiez ni petites filles modèles ni petits garçons sages. Allez, je vous mets à l’aise : enfant, moi aussi, il m’est arrivé d’être désagréable. Voilà c’est dit.En préambule il nous faut recadrer dans l’instant la vie du poulbot, du gone, du minot, du drôle, enfin de tout être vivant de moins de dix années et d’un mètre cinquante trois dans ces temps surannés. À cette époque l’enfant est encore loin de posséder la puissance destructrice qu’il contrôle aujourd’hui dès le lit à barreaux. On est dans la France du Général ou de ses successeurs.
Il n’est pas mal aimé ce petit d’homme, mais il est à une place et y reste sinon-il-va-prendre-une-fessée-et-tu-finis-ta-soupe-et-au-lit. S’il est sage il pourra regarder Nounours avant d’aller se coucher et Daktari le mercredi puisque demain c’est jeudi et qu’il n’a pas école. Pour Noël il ira au Nain Bleu et puis c’est tout.
Pas de Disney-Mickey-Donald-et-moi avec les manèges dans tous les sens¹, pas de Playstation 3D one again Dolby Round Stéréo, pas de cartable en peau de zibeline ou de hit bag coûtant un SMIC pour des pisseuses pré-pubères ou des duveteux à la voix déraillante. L’enfant n’est ni roi ni despote, il fait du vélo et bousille ses Tan’s, point. Globalement ça lui va bien.
Évidemment parfois il se rebelle (il sera punk quelques années plus tard mais ceci est une autre histoire). S’il monte ainsi sur ses ergots on entendra alors l’adulte le traiter de trousse-pet. Cinglante humiliation bien surannée comme on n’en fait plus de nos jours. Trousse-pet cloue le morveux mieux qu’un soufflet ou qu’une punition. Trousse-pet lui met le nez au niveau de son cul, lui qui croyait pouvoir péter plus haut. On reconnaît bien là la tournure surannée, violente comme une torgnole mais en mots uniquement.
Pif-paf l’arrogant est remis à sa place. Trousse-pet…
Désormais le moindre trousse-pet vous vaudrait un procès. Des fois que vous ayez traumatisé cet être si fragile qui connaît des insultes à faire rougir un légionnaire et que le Petit Chaperon rouge et le grand méchant loup n’effrayent même plus. Point de fessées ni même de simples remontrances, vous gêneriez son épanouissement. Gardez votre trousse-pet, le roi n’est pas son cousin. Il vous fera châtier si tel est son bon plaisir.