[truvé la fèv o ɡato] (loc. dépréc. DÉSIGN.)
Nul besoin d’être Jérémie (celui qui écrivit un bouquin portant son nom et prédisant plusieurs catastrophes) comme dirait le poète, pour comprendre l’origine de trouver la fève au gâteau.
L’expression ne peut évidemment avoir vu le jour qu’après la diffusion massive du rite annuel consistant à cacher un petit objet au cœur d’une galette frangipanée dont la découverte impromptue fera un heureux momentanément désigné roi (le roi étant considéré comme personnage au-dessus de tout et notamment des lois, pouvant ainsi imposer sa volonté).
Trouver la fève au gâteau traduira donc à ses débuts l’idée de faire une bonne découverte (de la piécette au puits de pétrole même si celui-ci ne peut s’enfouir dans la galette), puis évoluera vers celle d’une heureuse rencontre ou du solutionnement d’une question ardue qui pourrait justifier de s’exclamer eurêka !
Il se tapit une dose de chance indue derrière trouver la fève au gâteau
Il se tapit une dose de chance indue derrière trouver la fève au gâteau, comme si la bonne fortune ne devait sourire qu’à ceux qui l’ont cherchée longuement, orientant l’usage principalement vers son sens dépréciatif : le riche mariage pour la belle dont la naissance laissait envisager la misère, la conquête ravissante pour le laid dont la plastique jouait avec les lois de l’harmonie, le tiercé dans l’ordre pour l’innocent n’y connaissant que pouic en cannassons, la postérité pour celui découvrant en glandant dans son bain¹ les lois qui régissent la poussée que les objets subissent.
Notons que s’il l’avale, le veinard ayant trouvé la fève au gâteau perd sa chance et se retrouve gros-Jean comme devant à la grande satisfaction des jaloux. Inutile d’aller dès le lendemain fouiller dans les étrons, quand la chance est passée elle ne reviendra pas.
Même si l’évidente pression liée à un marché représentant trente millions de galette pourrait expliquer sa disparition, c’est en réalité l’emploi de l’expression pour comparer la désignation à un quelconque poste de chef du monde moderne à celle d’un vulgaire autocrate d’épiphanie qui entraînera son éviction du langage, le puissant visé n’appréciant guère qu’on insinue que maman avait caché la fève dans sa part parce qu’il était son préféré².
Trouver la fève au gâteau rejoindra alors le fameux « élections piège à cons » d’un Jean-Paul Sartre un peu brouillon dans son refus du principe de représentation politique qui n’avait pas survécu lui non plus, mais ceci est une autre histoire.