[vidéo klëːb] (n. com. K7)
Parmi les lieux les plus fréquentés un samedi soir des années surannées, on compte bien entendu le Macumba et son show-laser-trois-pistes-de-danse-trois-ambiances-entrée-gratuite-pour-les-filles-jusqu’à-minuit, encore faut-il pour s’y rendre posséder une prédisposition qu’on ne trouve que chez le djeuns’ à survivre en atmosphère mêlant allègrement fumée de cigarette, sueur et Sintony.
Et puis des fois le Macumba ça craint, mais ceci est une autre histoire.
Il existe heureusement un second lieu capable de sauver la soirée grâce à la profusion de son offre de divertissement : le vidéo club. Avec ses murs couverts de VHS multicolores recelant bijoux et joyaux du septième art, le vidéo club attire l’œil depuis la rue.
Dès l’entrée, le rayon des comédies familiales avec des chiens qui courent dans tous les sens ou des gosses rétrécis par un papa un peu foufou, bref de quoi passer un samedi sans se fracturer un neurone en mangeant du popcorn. Si l’on se tourne vers la droite, un condensé de testostérone sur bande magnétique attire des hommes, des vrais, qui sont venus en survêtement choisir l’opus ultime d’une guerre lointaine et exotique à laquelle ils avaient déjà participé via les version I, II le retour, III la vengeance, et IV le défi. Le vidéo club c’est le rendez-vous de tous les genres.
A propos de genres, celui olé-olé a aussi sa place, au fond, derrière un chaste rideau de perles qui jette un voile pudique sur ce qu’il s’y concocte…
Le cinéma français des années noir et blanc n’est pas au ban de l’offre du vidéo club. Mais le prix plus réduit de location de ses chefs-d’œuvre laisse à penser qu’il rencontre quelques difficultés à se faire visionner.
Du côté des films de karaté ça débat ardu entre un fan de Bruce Lee et un admirateur de Toshirō Mifune, chacun des combattants trouvant finalement de quoi nourrir sa passion puisqu’au vidéo club deux ou trois murs regorgent de cassettes importées directement de Hong Kong (on s’en fout si c’est en chinois, dans un film de karaté c’est comme dans un film olé-olé, les dialogues sont à base de cris et de râles).
Caisse, carte de fidélité, penser à bien rembobiner avant de rendre la cassette (il y a aussi un savoir-vivre vidéo club), et c’est parti pour la soirée. On repassera demain déposer les cassettes dans la boîte prévue à cet effet (c’est bien foutu l’organisation au vidéo club).
Vidéo club a disparu quand VOD, replay et streaming ont fait leur irruption dans le langage moderne. Chacun peut désormais s’adonner à l’exégèse du cinéma d’auteur et télécharger gratuitement ses films préférés¹, sans passer par un vidéo club au coin de la rue. C’est la révolution numérique paraît-il et elle n’aime pas vraiment le suranné.